Shari neph'o
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Lyana Voilombre
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I. Les cinq Glorieux - La routine d'une Intrépide Empty I. Les cinq Glorieux - La routine d'une Intrépide

Mar 25 Juin - 23:22
Les cinq Glorieux
-
I. La routine d'une Intrépide







Autrefois, en des temps reculés, mais pas tant que ça, l'on parlait de cinq champions traversant Azeroth en quête de gloire et de richesses. Chacun d'eux avait, dans le fond, des motivations différentes, mais tous se rejoignaient sur un point : l'argent et le pouvoir seront leur salut.

Chacun d'entre eux avait développé des compétences spécifiques à leur rôle au sein du groupe. Leur composition demeurait imbattable. Nul adversaire ne pouvait rivaliser avec eux, même avec l'avantage du nombre.

Permettez-moi de vous raconter un bout de leur histoire.



Elle pousse la porte de l'entrepôt, doucement, sans intimidation aucune. Elle regarde les gobelins de chaque côté, offrant un hochement de tête à l'un d'eux. La chasseresse avance dans le couloir, d'un pas assuré, un canon long se balançant dans son dos, dont le choc sur sa brigandine produit un bruit régulier.

Quelques pas suffisent à lui faire traverser le couloir, pour arriver directement au sein d'une grande salle dont les murs sont peints des reflets de l'or.

«L'Intrépide !», s'exclame un gobelin au fond de la pièce. Il ne se lève pas, affalé sur son trône. Elle, s'avance encore un peu, jusqu'à se présenter devant le prince marchand, lui présentant la tête d'un gobelin avec un trou au beau milieu du crâne.

Le gobelin, sans un mot, inspecte le restant du cadavre, et lui lance alors quelques pièces entassées dans une bourse trouée. Elle l'attrape en plein vol et la range rapidement.

«Encore du boulot ?» demande la chasseresse. Le prince, en réponse, tend un nouveau papier à l'humaine, où un nouveau portrait y est dessiné, avec un montant en dessous. Elle le prend et l'inspecte un instant, lisant l'avis de recherche. Le gobelin lui précise aussi qu'elle sera récompensée pour chaque membre du clan gobelin adverse capturé ou tué.

Sans mot ni hochement, elle tourne les talons et se met en route, prête à reprendre le travail. Elle passe d'abord se ravitailler à l'auberge, récupère plusieurs morceaux de férailles et prépare avec soin quelques balles.

La voilà fin prête à en découdre avec ces gobelins. Elle maraude en ville, à l'affût de la moindre information qui pourrait trainer, écoutant les discussions de taverne, les duo qui chuchotent aux coins des ruelles d'un air effrayé ou malin. Rien n'y fait, aucune information ne traine sur ce chef de maison.

Elle décide donc de s'adresser à un informateur en particulier. Malheureusement, personne n'est vraiment coopératif dans cette ville sableuse, même les personnes avec qui on peut avoir l'habitude de travailler... Surtout s'ils ont été grassement payés -ou menacés- pour garder leur langue près de leurs pièces.

L'informateur semble se faire discret en ville. Invisible aux yeux de la rue, visiblement il préfére rester en intérieur.. Peut-être au sous-sol de la taverne se dit la chasseuse de primes. Elle s'y dirige donc, toujours d'un pas tranquille et assuré. La voilà descendant les escaliers de la taverne, après avoir payé grassement le tavernier pour qu'il la laisse passer. Elle apperçoit son informateur au fond de la pièce, en train de siroter une boisson bien connue des gobelins.

Elle s'adresse à lui, de son air mi-menaçant mi-amical.
«Salut, bonhomme.

- Tieeennns.. allonge le gobelin, l'hésitation se faisant sentir peu à peu. eeuh.. Ouais, yo, comment tu vas ?

- Ça va, mais j'suis pas là pour parler d'moi, le vert.

- Arrête de m'appeler comme ça ! s'énerve le gobelin

- Je cherche un gobelin... enchaine directement la chasseuse.

- Ça t'dirait d'être plus précise ? Parce que là, vraiment, j'vois des tas d'gars qui correspondent. dit le gobelin sans laisser son interlocutrice poursuivre.

- Eh bien, si tu m'laissais finir le vert ? Moi aussi j'ai envie d'gagner du temps, figure-toi. J'ai une facheuse envie d'me débarasser d'un corps gênant, et si tu me fais perdre mon temps, je te laisse deviner par lequel je commencerai. dit-elle plus lentement, articulant d'un ton menaçant.»
Le gobelin peine à rester droit face à elle.

«Eeuh.. Ouais, ouais, ok, ok. C'est bon, bon, dis-moi à quoi i' r'ssemble ton gars.

- A la bonne heure ! Je cherche le Chef de La Maison terne, ou un d'ses sbires. Quelque chose qui puisse me mettre sur sa piste. T'as ça ?

- Mh-mh.. M'ouais.»

Le gobelin reste songeur un instant, hésitant visiblement à lui dire quelque chose.

«En c'moment i' trainent du côté Est, juste à l'extérieur. Tu verras un p'tit groupe devant une trappe, dehors. I' laissent passer personne, même pas les gobelins, alors avec ta tête pâle.. Enfin, c'toi qui vois.

- Et ils font quoi là-bas ?

- Qu'est-ce que ça peut t'faire ? T'es là pour les descendre, nan ?»

La chasseresse ne répond pas, ne laissant que son regard peser lourdement sur son informateur.

Le gobelin grogne, puis enchaine.

«Nrrgh.. C'est bon, c'est bon. Ils sont là pour guetter les allées et venues des voyageurs insouciant qui s'baladent dans l'désert. Y'a pas mal d'histoires qui trainent sur les tribus trolls; les chasseurs de tête, les archéologues et les marchands sont pas rares, surtout en c'moment... I' voient du fric à s'faire en les dépouillant, tu vois l'idée ?

- Et ils en font quoi après ?

- Quoi ? Du fric ? T'as jamais eu d'pognon en poche ou quoi ?

- Mais non, des gars.

- Oh. C'est là qu'ça s'gâte. Tu connais les gobelins, i' reculent pas d'vant une opportunité. répond le gobelin en se frottant lui-même les mains, dans un sourire carnassier. Alors i'..

- Esclaves.. anticipe t-elle.

- Ouais. Quand i' peuvent. Tu t'doutes qu'i sont pas tous faciles à apprivoiser.

- Mh-mh. Bon, ça d'vrait l'faire. Merci l'vert.»
Elle tourne les talons, ne laissant plus que son fusil visible dans son dos, et le dos de sa main qui s'adresse au gobelin. C'est la tête basse et l'air songeur qu'elle quitte le sous-sol.

«Hey, et oublie pas ma part ! lui crie le gobelin en la voyant s'éloigner. Radine...» marmonne t-il ensuite.

L'Intrépide sort de la ville par le côté Nord, et fait un grand détour pour contourner le côté Est. Elle se place plus loin et observe l'entrée depuis son emplacement. Elle sort une longue vue, s'allonge sur le sable, et se met à observer les deux gobelins devant la trappe.
C'est assez peu de gardes pour un commerce si risqué. Cela étant, elle remarque que les deux gobelins restent attentifs à leur entourage, à l'affût du moindre mouvement.

Du sable se met à sauter lorsque l'un d'eux croit appercevoir quelque chose bouger en dessous et tire à vue avec son canon long. L'autre sort une sorte de matraque, prêt à cogner pour finir le boulot. La chasseresse a cru un instant qu'elle était repérée en voyant le gobelin plisser les yeux et braquer son arme.

Il n'en est rien. Il s'approche de l'impact et piétine un peu le sol.
Deux gardes impulsifs donc, dont un à la gachette facile. Ça sera peut-être plus difficile que prévu, d'autant que leur vue est bien dégagée. Impossible donc de s'infiltrer.

Personne en ville ne semble s'inquiéter du coup de feu, sûrement l'habitude d'entendre des trucs et bidules sauter. Cependant, personne ne sort de la trappe non-plus. Un coup de feu n'alerte donc personne. «Il faut quand même rester prudente. Un coup de feu, c'est une chose, une série, c'en est une autre.» se dit-elle.

Elle ignore combien ils sont à l'intérieur, mais probablement une dizaine, en plus des potentiels prisonniers. Impossible d'entrer et de tirer à vue sans connaitre leur nombre ni les locaux. Il lui faut une approche plus subtile.

Se faire capturer reste compliqué, dans l'optique où elle se fera probablement dépouillée avant d'entrer, donc plus rien pour se défendre une fois à l'intérieur. C'est un véritable casse-tête pour la chasseuse de prime. Elle reste là à se creuser la tête, sur le sable, pendant de longues heures, examinant toutes les solutions possibles.

Non, c'est impossible pour l'instant. Il lui faut attendre que quelque chose se passe. Elle décide donc de poser un camp, en contrebas d'une dune qui la cache à la vue des gobelins devant l'entrée. Elle attend patiemment, le moment opportun, tel un prédateur qui attend que sa proie sorte de son terrier. Après tout, elle n'était pas très pressée.

C'est au moment où le ciel rougeoie qu'une charette passe non-loin de son camp, en direction de la ville. A ce qu'elle observe, la charette devrait passer juste devant le côté Est de la ville. C'est alors que lui vient une idée.

Elle arrête la charette, faisant de grands signes pour que le conducteur s'arrête. Une sorte de grand boeuf tire une palette qui ne fait que glisser sur le sol. Les roues étaient incapables d'avancer dans le sable, donc le marchand utilise un plateau qu'il fait tirer par sa bête, et le conducteur se pose sur elle pour la conduire.

Toutes ses marchandises sont empactées solidement sur la palette, et pour sûr, il ne déballerait son attirail qu'au cas où un client serait vivement intéressé, ou une fois en ville.

Voilà qui était donc parfait pour elle, une chance de pouvoir créer un peu de désordre. Elle s'adresse au marchand, après l'avoir arrêté dans sa course.

«Hey ! s'exclame la chasseresse

- Ah ! Bonsoir jeune-euh.. Madame.

- J'vous en prie, ne me vieillissez pas. dit-elle en soufflant un rire

- Ouais, ouais, bon, vous vouliez quelque chose ? Un truc qui vient du vieux Joe ? J'vous préviens, j'veux vous voir intéressée avant d'tout sortir, ça va m'prendre une plombe à tout r'mettre !

- Tout dépend, "vieux Joe", vous vendez quoi ?

- Tout c'qu'un bon gobelin sait faire d'mieux ! Dents d'requin, colliers trolls, kaja'cola, de l'acier d'fer !

- Mh-mh, ouais, je vois.»

L'Intrépide s'approche de la charette et fait un peu le tour du plateau. Le gobelin descend de sa bête, gardant un oeil affuté sur les gestes de l'humaine qui rôde autour de ses marchandises encore empactées. Toute sorte de babioles dépassent des cordages.

La chasseresse se place derrière l'empactage, relevant le regard vers le gobelin qui se trouve de l'autre côté.

«Bon, c'est plutôt flou c'que tu m'racontes, Joe, j'passerai à ton étale en ville. D'ailleurs tu devrais t'grouiller, y'a un couvre-feu maint'nant.

- Un couvre-feu ?! Mais pourquoi personne m'a prévenu ?!» S'exclame t-il en remontant en selle

Sans prendre le temps de saluer l'humaine, il donne un coup de fouet à sa bête et fonce vers les portes de la ville. Il le fera sans avoir noté le petit dispositif que la chasseresse a coincé entre les cordages, se confondant facilement avec tous les bidules qui dépassent.

C'est une seconde après son départ qu'elle enclenche le mécanisme. La petite boite métallique qu'elle a laissé commence à faire s'échapper une fumée épaisse, noire. Elle monte dans le ciel, laissant une petite odeur de bruler qui se fait sentir peu à peu.

Les deux cogneurs plissent les yeux. Celui au canon long braque la charette, prêt à tirer au moindre signe de menace.
Le chauffeur s'arrête, sa bête étant trop effrayée par cette odeur forte qui se dégage de la boite. Le gobelin descend de sa monture, plus qu'agacé. Il lève les bras, maudissant le ciel de lui faire une telle crasse maintenant.

Les deux gardes s'approchent alors, quittant leur poste. Ils marchent sur une trentaine de mètres et s'intéressent au marchand.

C'est à ce moment que notre chasseuse de primes bouge de sa position. Elle contourne la trajectoire des gobelins, se positionant sur leur flanc. Elle se couche au sol et braque son fusil vers eux, prête à faire feu. Elle n'attend plus que le moment opportun.

Le canon pointé, elle observe le duo avec sa longue vue, tentant de savoir ce qui peut se dire au loin. Le marchand regarde les deux cogneurs approcher, leur demandant de l'aide. Le duo ne se regarde qu'un instant avant que celui au canon ne menace le marchand dans le dos. Ce dernier se retourne rapidement, mains levées, en plein stress.

L'autre cogneur à la matraque s'approche de la charette et s'adresse au marchand. Ils semblent clairement en train d'essayer de le dépouiller.

De son côté, la chasseresse est toujours couchée, concentrée, prête à faire feu à la moindre seconde où les deux gobelins s'alligneraient. Il n'en est rien, ça aurait été trop beau. Pourtant, le temps joue contre la chasseresse. Le gobelin au canon semble prêt à faire feu.

C'est alors qu'un coup de feu se fait entendre. Un trait s'élance à toute vitesse, laissant une fine trainée pourpre dans l'air avant de traverser le crâne d'un des cogneurs. Son canon vascille, et finit par tomber au sol, suivi du corps qui s'écroule sur le sable.

Le deuxième cogneur reste bouche bée, inspectant les environs dans tous les sens, à la recherche du tireur. Il se cache derrière le paquetage du marchand, pendant que le marchand, lui, se jette sur le sol maladroitement en se couvrant la tête.

La chasseresse n'aura pas eu le temps d'enchainer sur le deuxième cogneur avant qu'il ne se cache. Malheureusement pour lui, ce n'est qu'une seconde trop tard qu'il se rend compte de sa position. En plein sur les marchandises encore fumantes.

Toute la feraille contenue dans le paquetage explose, broyant le gobelin dans une explosion enflammée. Son corps vole sur plusieurs mètres, dans la direction inverse du gobelin marchand. Ce dernier, toujours couché, sent les flammes lui caresser le fessier, ce qui lui vaudra de pousser un petit cri affolé, se tapant les fesses frénétiquement... Probablement pour les refroidir.

Il se relève ensuite, la tête à moitié rentrée dans les épaules, observant son environnement. Il apperçoit la chasseresse juste à côté de lui, d'un seul coup. Elle l'examine une seconde, avec une petite moue.

«Mh, ça va, j'ai eu peur pour tes sourcils.»

Le gobelin reste silencieux un instant, avec une expression d'incompréhension totale, la bouche à moitié ouverte, sourcils froncés.
Puis soudain, il s'exclame d'une voix aiguë.

«Mais c'est quoi ce déliiiiiire ?!»

L'Intrépide le regarde quelques secondes, sans rien dire, le gobelin essouflé.

«Eh bien, de rien, j'imagine. rétorque la chasseuse de prime, d'un air amusé, moqueuse.

- Faudrait que j'te remercie ?! Pour avoir fait exploser mes marchandises et m'rendre complice de deux meurtres ?!

- Deux meurtres, oui, mais légaux. Permets-moi d'te montrer..»
Elle sort l'avis de recherche de sa poche et le montre au marchand. Il ne manque pas de décortiquer le contrat, plaquant presque son front contre le papier pour lire les caractères en tout petit en bas de l'affiche.

«M'ouais, t'es aussi louche qu'une gobeline toi !

- Ouais, sans doute. Enfin. Toujours est-il que si tu m'aides, j'te propose une part. Disons dix pourcent.

- Atten-tten-tten-ttends, dix pourcent ?! Faut que j'fasse remplacer tous mes stocks !

- Arrête ton char, tu vends que d'la camelotte là d'dans. Et pis, t'auras pas grand chose à faire.

- Hin-hin ? Développe.

- Tu vas m'vendre, moi et mon fusil...»

L'Intrépide explique alors un semblant de plan au gobelin. Il ne semble pas très emballé, mais finalement sa part ne lui semble pas tant risquée, alors autant tenter.

Elle lui tend son fusil, laisse le gobelin lui attacher les mains dans le dos et la bailloner.

Tous deux s'avancent vers la trappe, le marchand s'avance, déguisé en cogneur, claquant un peu des jambes. Personne ne semble alerté à l'intérieur, sûrement que l'explosion était trop éloignée de l'entrée pour être alarmante.
Le marchand toque sur le bois. Seule une petite partie de la trappe s'ouvre, laissant voir un nez crasseux dépasser.

«Oui ? demande le nez exposé, d'un ton agacé.

- J'ai attrapé c't'humaine, j'veux voir le boss pour négocier son prix.

- Hein ? Hey mon gars, tous les bénéfices r'viennent au boss, tu t'contentes de ta paye mon p'tit pote.

- J't'ai rien d'mandé, espèce de crasseux, c'est mon butin, c'est moi qui fais une offre au boss !

- Ok, ok, va t'frotter au boss, qu'on rigole. J'ai hâte qu'on t'voit pendu au milieu d'la grande salle.»

La chasseuse de primes fait mine d'être à moitié inconsciente, un peu assomée, la tête baissée.

Le marchand déguisé entre, avec l'humaine et le fusil. Le garde tique sur le fusil.

«Hey, c'est quoi c't'arme ?

- T'avises pas d'toucher à ça, sinon.. ! - Dit-il en pointant à moitié le garde

- C'est bon, c'est bon, entre. Nrr..»
Le garde grogne un instant, son regard avare toujours sur ce fusil à l'aspect mystérieux.

Le duo progresse alors dans le petit complexe, composé d'à peine deux couloirs et de trois petites salles. En avançant dans le couloir, la chasseresse tente de compter le nombre d'ennemis présents. Elle en compte neuf en tout. Deux gardes dans le couloir principal; deux de plus devant la salle des butins, deux qui hurlent dans la salle des cellules, et trois gardes devant le chef de maison. Donc tout juste dix en comptant le chef.

Ils arrivent finalement devant le chef de la Maison terne. Le marchand la présente devant lui, les jambes toujours un peu tremblantes.

«Boss. J'vous ramène une humaine !»
Le chef gobelin est affalé, à la manière d'un prince marchand, sur son trône. Il daigne lever la tête vers l'humaine présentée, et en écarquille les yeux une seconde avant de se reprendre, essayant de ne rien laisser transparaitre.

«Eh bien, eh bien, r'gardez c'qu'oon a là ! C'est pas une chasseuse de primes que j'vois là ?! Hah !

- Ouais, elle trainait av-...

- La ferme ! - s'exclame le chef en coupant le marchand - T'as son fusil à c'que j'vois. Mh-mh, une belle pièce à c'qu'on m'en a dit. Bon, finis, tu voulais dire quoi, le crasseux ?

- Elle se baladait avec des marchandises. La plupart ont brûlé mais on d'vrait pouvoir ramasser un beau butin. C'est qu'c'est d'la qualité !

- Ok, ok ! Bon. Foutez-moi ça en cellule et prends des gars avec toi pour ramener ses merdes. On va inspecter l'tout. Allé, allé ! On a pas qu'ça à faire !»

Sur ces mots, le marchand emporte la prisonnière et son fusil vers la salle aux cellules. Heureusement, le complexe est simple, difficile de s'y perdre, même quand on ne le connait pas bien.

Une fois aux cellules, il laisse l'humaine entre les mains d'un gobelin, et le fusil entre les mains d'un humain. Le geôlier gobelin, voyant cette injustice, laisse tomber la prisonnière au sol. Elle simulait encore un état second, tenant à peine debout. Elle s'écroule au sol puis s'assoit.

Les deux geôliers se battent alors pour savoir qui tiendra le fusil, commençant d'abord par des mots doux, le ton monte peu à peu.

L'humaine au sol fait un rapide signe de tête au marchand. Le marchand y répond et laisse donc les trois dans la salle. Il sort du complexe, n'oubliant pas de convier quatre gobelins, dans l'intention de ramasser le paquetage fumant.

Pendant ce temps, la chasseuse de primes n'avait pas chômé. Elle gardait une boite métallique entre les mains, dans son dos, bien cachée. Elle l'arme et la laisse tomber au sol, juste à côté d'elle. Les deux geôliers se tournent vers elle, le fusil entre quatre mains. La pièce ne tarde pas à être envahie d'une fumée épaisse.

C'est dans cette purée de pois épaisse que l'humaine se place derrière un des deux geôliers, profitant du fait qu'ils soient très près du fusil. Il lui est aisée de prendre le contrôle des bras de l'humain pour pointer le fusil vers l'autre geôlier et l'executer d'un coup de feu en pleine tête, à bout portant. La surprise et le recul sont tels, que le fusil en vient même à cogner l'humain en plein nez, l'étourdissant une seconde. Un nouveau coup de crosse vient s'écraser sur la face de l'humain, après quoi il s'écroule au sol, inconscient.

Au même moment où le coup de feu à l'intérieur se fait entendre, les gobelins partis récupérer la ferraille se retournent vers la trappe, alertés. Ils se ruent vers la trappe, leurs pieds remuant le sable comme des diablotins. Une fois leurs mains posées sur les poignées, ils tirent dessus, mais la porte ne bouge pas d'un pouce, complètement bloquée.

L'un d'eux s'exclame. «Mais qui est le con qui a fermé la trappe ?! On est enfermés dehors !»
Il ne fait aucun doute sur l'identité du coupable, mais les gobelins sont trop occupés à se disputer pour s'en rendre compte.

Au même moment, à l'intérieur, deux gardes se trouvent toujours devant la salle des butins, au fond, pile en face de la salle aux cellules. Alertés également par le coup de feu et la fumée qui commence à envahir le couloir, ils n'osent pas avancer dans le brouillard, se sentant plus en sécurité là où ils sont, en dehors du nuage.

La tireuse s'allonge au sol, toujours dans la même salle, en face de la porte qui donne sur le couloir. La fumée montante vers le plafond, son point de vue devient à peine plus clair. Elle distingue tout de même deux silhouettes au fond du couloir, se tient en joue, et appuie à nouveau sur la détente.

Le premier tir, bien qu'imprécis, n'a pas manqué sa cible, en pleine épaule. Un des deux gardes tombe alors au sol en se tenant l'épaule. L'autre, voyant que son confrère tombe au sol, se rue vers la salle aux cellules, priant pour arriver avant que la chasseuse n'ait le temps de recharger, en pleine charge aveugle. Mais à peine arrivé à l'intersection, il vole sur place une seconde, se heurtant à une nouvelle balle qui traverse le couloir, puis sa tête.

La chasseuse sort de la salle, adossée au mur, et se place à l'intersection entre les deux couloirs qui donnent sur la grand salle.
Elle donne un coup d'oeil vers la salle, où elle voit un des gardes en approche, qui se cache derrière un grand bouclier de métal.

Heureusement, son arme perçante ne craignait ni armure, ni bouclier. Elle reprend son souffle en une seconde, roule contre le mur et finit en joue devant le rempart de métal.

Elle fait feu une ultime fois et perce le bouclier du gobelin, comme elle l'espérait. Voilà que tous les ennemis sont à terre, son fusil fume encore d'un léger voile pourpre, la goupille a pris une teinte fluorescente, d'un violet arcanique.

Elle s'approche de la grande salle, fusil en main, souriant au chef de clan. Elle s'arrête devant lui, ce dernier étant complètement recroquevillé, en signe de soumission.

«Pitié ! Pitié ! Qu'est-ce que tu veux ? De l'argent ?! J'en ai, plein ! Plein ! Prends tout, mais pitié, ne me fais pas d'mal !

- Silence. Avance. On sort, tu diras à tes gars de poser leurs armes et d'entrer sans faire d'histoire... Sinon.. insiste t-elle en rechargeant son fusil dans un "clac" caractéristique, juste après sa menace.

- Ok ! Ok ! C'est bon, t'énerves pas, on va trouver un accord.» rit-il nerveusement, mains levées.

L'Intrépide sort donc avec le chef de maison, passant au dessus du corps qui gise encore dans le couloir.

Le Chef de maison execute les ordres de la chasseuse de primes; les gobelins obéissent à leur tour. Ils lachent leurs masses et entrent dans le sous-sol.

La chasseresse, le chef et le marchand s'orientent vers la ville. La prédatrice présente son trophée vif devant le grand et auto-proclamé juge de la ville.

Ce dernier la remercie et la paie grassement. Elle partage sa paie avec le marchand, le dédomageant quand même pour sa charette, même si elle refuse de rembourser sa camelotte.

Sur le chemin de ses geôles, le chef s'exclame une dernière fois vers la chasseresse.
«On aura ta peau ! Tous les gobelins d'ici sont pourris, ils vont finir par tous t'traquer !»

La chasseuse de prime ne s'en retourne même pas, balayant l'air de la main, roulant son doigt dans le vide, comme pour faire passer la bande plus vite, roulant les yeux au ciel.

Plus tard, dans la journée, elle se rend à l'entrepôt, saluant à nouveau un des gobelins avec un hochement de la tête.
Elle s'approche du gobelin affalé sur sa chaise dans le fond et s'adresse à lui.

C'est fait. Il en reste quelques-uns encore en vie, et la salle des butins est intacte.»

- Parfait. Du bon boulot, comme d'hab ! - Rétorque le gobelin sur son trône, lui lançant une bourse trouée.»

La chasseuse regarde la bourse une seconde, dans le creux de sa main.

«Ça couvre tout ? Demande t-elle, un fin sourire amusé en coin

- Bien sûr, pour qui tu m'prends ?»


Elle se contente de souffler un rire lourd de sens, puis relance.

«Encore du boulot ?»



FIN
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